Carnet de route

Trek au Maroc
Le 10/09/2025 par Denis BARRAT
Contribution de Virginie et de Renaud
Entre lie-de-vin et vert-de-gris
Nous sommes partis tous les deux, avec en tête deux objectifs : découvrir un nouveau pays et ses paysages, nous intégrer au sein du CAF et rencontrer d’autres passionnés de montagne.
Ce trek dans le Haut Atlas marocain a tenu toutes ses promesses – et même bien plus.
Dès les premières heures de marche, le dépaysement fut total. Nous avons découvert une montagne douce, faite de hauts reliefs arrondis, de vallées ouvertes et de plateaux immenses. La couleur dominante ? Ce lie-de-vin profond, omniprésent sur les flancs des collines, contrastant magnifiquement avec les touches de vert-de-gris et d’ocre. Une palette minérale chaleureuse, vibrante sous la lumière changeante du jour.
Nous avons traversé des villages berbères authentiques, parfois isolés, nichés dans le creux des montagnes ou au fond des vallées. Là, la vie suit encore le rythme ancestral, entre cultures, élevage, et hospitalité simple mais vraie.
Chaque jour, notre immersion allait plus loin. Les repas se prenaient à la berbère, à même le sol, sur de fins matelas d’à peine 5 cm, assis, à genoux ou en tailleur. Il n’y avait bien que notre guide berbère qui parvenait à garder la même position tout le long du repas, imperturbable ! Pour nous, un bel apprentissage de la souplesse… et de la convivialité.
L’un des moments forts fut sans doute cette soirée partagée avec nos muletiers et notre cuisinier. Après le repas, place aux chants et danses traditionnels berbères, improvisés mais puissants. Battements de mains, rythmes lancinants, rires partagés : un instant suspendu, fait de joie simple et de fraternité.
Et puis, il y avait le groupe. Rejoindre le CAF était pour nous une première, un pas vers l’inconnu. Très vite, les échanges se sont faits naturellement. Marcher ensemble, partager les efforts, les bivouacs, les émerveillements, crée des liens forts. Nous avons rencontré des personnes passionnées, bienveillantes, drôles. Et surtout, nous avons commencé à nouer de belles amitiés – un de nos objectifs les plus précieux.
En résumé, ce trek fut une réussite à tous les niveaux : une immersion dans une culture riche, des paysages saisissants, et une aventure humaine que nous ne sommes pas près d’oublier.
Vivement le prochain départ.
Contribution de Ghislaine
La majesté des paysages avec les contrastes des versants arides ocres rouges et les fonds de vallées verdoyants à la faveur d'une irrigation bien organisée.
la culture intensive de pommiers, lucrative et relativement récente; nous avons initié les marocains à la compote avec les innombrables pommes abandonnées sous les arbres.
La société archaïque des villages isolés où l'on n'accède que par des sentiers escarpés et parfois des traversées d'oueds à gué, mais qui ignore la solitude. Des tripotés de gamins accourent réclamant stylos et bonbons, des groupes de femmes accroupies fauchant la luzerne à la faucille ou battant le linge à la rivière.
l'élevage de chèvres noires et de moutons complète leurs activités. Que trouvent-ils donc à manger ces animaux dans ces pentes désertiques ?
Nos muletiers, simples joyeux et bavards nous ont entrainés dans une soirée mémorable de chants, de danse rythmée par le tambourin et les cuvettes plastiques.
Quelques bergers nomades qui vivent rudimentairement en famille dans les montagnes et chassent habilement le chacal au lance pierres.
Des problèmes écologiques après plusieurs années consécutives de sècheresse ont engendré la mort des amandiers, sinistre cadavres noirs, ainsi que la disparition des figuiers de barbarie et des arganiers (reprise dans la région d'Agadir).
L’utilisation intensive du bois pour le chauffage et la construction ont détruit quasi complétement la population de genévriers, chênes et autres thuyas contribuant à l'accélération de l'érosion et les ravages de torrents de pierres sur les terres arables lors des orages.
Les reboisements entrepris font faces à l'opposition des éleveurs qui voient des secteurs interdits aux troupeaux.
Les vieux genévriers qui ont survécu sont d'une grande beauté, ici ce sont des arbres et non de vulgaires buissons rampant comme chez nous.
Le progrès apporté par la construction des routes à ses revers. Les parpaings remplacent le pisé (certainement une perte d'isolation et de salubrité) le plastic jonche le sol jusque sur les pentes du M Goun (sans parler des couches culottes) et les traitements chimiques des arbres fruitiers en augmentation.
Nous nous sommes abreuvés aux sources parfaitement salubres sur une bonne partie du circuit et avons mangé les crudités quotidiennement et même, au retour à Marrakech, des jus de fruits, sans trop de "dégâts".
Enfin, mention spéciale pour notre guide, pieux musulman qui nous a expliqué la vie de son pays et répondu avec zèle à nos innombrables questions...et pour le ciel étoilé du M Goun, la voie lactée immense Jupiter, Orion...mais pas de Grande Ourse ?
Merci à tous et en particulier à Jean Paul pour cette formidable opportunité et l'excellence de l'organisation.
Contribution de Marc
Retour d'un séjour inoubliable au cœur du haut Atlas.
Les images défilent encore dans mon esprit : des paysages d'une beauté brute, des vallées
profondes et verdoyantes, des crêtes majestueuses...
Là-haut le silence parle et ce qu'il dit est essentiel.
C'était aussi et surtout une aventure humaine riche et sincère, pleine d'amour et chargée de
belles énergies.
Nous avons formé une super équipe, soudée par l'effort, la bonne humeur, les rires et
l'émerveillement partagé. Ensemble nous avons été portés par les chemins et le silence des
montagnes.
Chaque étape était un bijou dans son écrin, différente chaque jour, et je garde un souvenir
tout particulier des moments passés les pieds dans l'eau, dans la Vallée du M'Goun. Une
sensation de liberté pure, comme un retour à l'essentiel. L'eau coulait, le soleil filtrait, les
parois rouges dominaient, et moi je flottais quelque part entre ici et ailleurs... Ne dit-on pas
que l'eau nettoie ?
Et puis il y a les rencontres, les sourires authentiques de ceux avec qui nous avons croisé
un regard, toujours sincère. Le peuple berbère est beau...
Ces moments restent gravés bien au-delà des mots.
Un brin nostalgique, bien-sûr, car il est difficile de quitter un lieu où l'on se sent si bien,
entouré de tant de beauté et de bienveillance. Mais j'ai surtout une immense gratitude pour
ce que j'ai vécu, et une promesse silencieuse de revenir un jour, plus au sud, où l'immensité
est plus grande encore, et où le regard ne porte pas...
Rendez-vous est pris.
Inch'Allah !
Contribution de Denis
Lorsque l’opportunité de participer à un trek au Maroc c’est présenté, j’ai sauté sur le projet sans réfléchir. Le fait est que c’était une première pour moi. Allez aussi loin et dans un pays inconnu n’a jusqu’alors jamais fait partie de mes projets.
La radicalité de l’expérience m’a profondément marqué. Le contraste entre les villes et les fonds de vallées est stupéfiant. D’un côté, nous avons l’exubérance de Marrakech qui se veut être l’image d’un Maroc ancré dans la modernité avec ses bons et mauvais côtés. Et de l’autre, des villages et des personnes qui vivent à cheval entre une tradition et des us très anciens et un début de modernisme représenté par l’arrivé de l’électricité et des communications.
Partout, on constate une très forte frénésie pour accélérer les processus de modernisation.
Les travaux pour créer des infrastructures routières ou les aménagements de gestion de l’eau sont partout.
Le travail de génération en génération pour créer et entretenir les systèmes d’irrigation, et les terrasses cultivées est prodigieux. Nous devrons sans doute un jour nous inspirer de leur exemple.
Les jeunes adultes et les enfants sont très beaux et bien dégourdis. Certains stéréotypes fixés dans notre imaginaire sont assez pertinents. Les femmes restent très discrètes, voir cachées et refusent d’être prisent en photo. Les jeunes filles sont formatées à l’identique de leur mère alors que les jeunes garçons et les hommes sont très présents visuellement et très interactifs avec les voyageurs. L’impression générale est que les femmes ont plus de travail et d’activité que les hommes. Les jeunes filles portent des charges ou participent à la lessive lorsque les garçons s’amusent à divers jeux. Nous avons quand même constaté que monter aux arbres pour gauler les noix est attribué aux hommes ainsi que le ramassage des pommes et la gestion de l’eau.
L’école est obligatoire, mais dans les vallées reculées, peu de filles sont scolarisées au-delà du primaire.
Ce voyage de treize jours m’a paru en faire le double. Non pas que j’ai trouvé le temps long car entouré de notre joyeuse équipe, le séjour était un rêve éveillé. L’extension temporelle est due à la profondeur de l’expérience, le sentiment d’avoir dégusté l’évènement chaque jour, chaque seconde sans en perdre une miette. Sans doute aussi le bénéfice d’oublier les tracasseries du quotidien qui nous rongent les neurones.
Un remerciement particulier à jean Paul qui a porté l’organisation de ce trek. Tout était nickel.
Déroulé du trek
Treckking d'une durée de 14 jours donc 10 jours de marche
Jour 1
Arrivée à l’aéroport et transfert à l’hôtel.
Visite de la place Jamaa El Fna le soir.
Le SKY BAR, dernier lieu pour siroter une bière avant le trek
Jour 2
Marrakech – Ouzoud – Bougumez 1880 m
Départ pour le Haut Atlas Central et la région de Boug¬umez par la route en direction de Azilal
Avec crochet et visite des Cascades d’Ouzoud. On rejoint ensuite la vallée de Bougumez, appelée la vallée heureuse.
Jour 3
Bougumez / Journée d’acclimatation
Nous suivons le sentier vers Ait Ouangdal , puis montons de 250 m vers la montagne de Adazene. Belle vue sur les vallées et les chaines de montagnes. Descente à l’autre bout de la vallée de Bougumez au beau village de Rbat situé au milieu d’un très beau paysage.
L’après-midi nous traversons le village d’Ibaqallioun et en passant par Tabant, le village principal de Bougumez.
Jour 4
Bougumez – Ikiss n’Arouss 2300 m
Randonnée par la vallée entre les champs de luzerne et pommiers jusqu’au Timmite et montée au sommet de la colline Taourarte pour visiter le Marabout de Sidi Moussa, un grenier ancien au sommet d’une colline.
Descente au village d’Aguerd n’ouzrou, visite des traces du dinosaure avant de continuer le long des champs jusqu’au village d’Arouss. Nous serpentons ensuite dans la vallée d’Arouss en direction des bergeries d’Ikkis
Jour 5
Ikkis n Arous – Tarkedite 2900 m
Montée par un chemin muletier en zigzag au col de Tizi n Oughri à 3400m. Belle vue sur la chaine du Mgoun et le plateau de Tarkedite. Descente au campement à côté des sources de Tassaoute sur le plateau d’alpage d’altitude fréquenté par les semi-nomades du Saghro.
Jour 6
Tarkedite – Ascension du Mgoun 4068m – Bergerie Ifri n Ait kherfelah 2800m
Départ tôt le matin pour une longue journée. Montée régulière jusqu’à la crête située déjà à 3900 m puis le long de l’arrête vers le sommet. Vue impressionnante sur l’Anti Atlas et le versant sud du Haut Atlas avec des contrastes de couleurs magiques. Ensuite, descente vers les bergeries au versant sud du Mgoun.
Envi. 9 à 10 h de marche.
Le soir, méchoui de chèvre.
Jour 7
Ifri n Ait Kherfelah – Amskar Fougani 2300m
Nous quittons les bergeries le long du versant sud de Mgoun en direction de la haute vallée des roses. Après un franchissement du col, descente le long de la vallée étroite d’Amskar.
Jour 8
Amskar – Amejgag 1850 m
Descente de la vallée d’Ait Ahmed par le village d’amskar Tahtani vers Amejgag au pied de la route traversant le massif par le col de Tizi n Ait Ahmed.
Jour 9
Amejgag – Aguerzega 1750 m
Par les champs de Amejguag puis monté au plateau de Timtda avant de franchir une colline pour rejoindre la vallée du Mgoun au village d’aguerzeka, à la sortie des gorges.
Suite aux pluies de la nuit, nous avons traversé le torrent et fait un bout de chemin sur un camion de gravier
Jour 10
Aguerzega – Taghzoute 1800m
Randonnée le long de la vallée du Mgoun, avec les pieds dans l’eau sur plusieurs traversées, jusqu’aux sources d’Afesfass. Début de l’entrée dans les fameuses gorges d’Achaabou ou des passages ne dépassent pas 2 m entre les falaises. Sortie des gorges au village de Taghzoute.
Jour 11
Taghzoute – Taghreft – Bougumez 1880 m
Continuation de la randonnée le long de la vallée d’Ouzighimte en passant par plusieurs villages berbères, rencontre avec la population locale. Fin de la randonnée au village Taghreft, puis rencontre avec la voiture et transfert par le col Tiz n’Ait Imi (2900 m) vers le gîte à Bougumez.
our 12
Bougumez – Marrakech
Après le petit déjeuner, transfert à Marrakech par la vallée des Ait Bouali et Demnate
Jour 13
Journée libre à Marrakech
Jour 14
Vol retour