Initiation alpinisme Refuge Leschaux
Le 23/08/2025 par Mia Pavel
Inscrite depuis très peu et faisant une première sortie avec le CAF, à moi de prendre la plume et d'en faire le compte-rendu. L'objectif, ainsi compris par moi, est de faire des manips de base pour gagner en autonomie lors des déplacements sur les glaciers. La Mer de Glace, notre mer à tous, notre pauvre mer amincie par la chaleur, s'y prête encore bien pour cela. L'idée est de passer, entre les deux journées de marche en crampons, encordés, du temps au bord des petites crevasses, à apprendre ou à exercer pour ceux qui connaissent déjà, des techniques d'arrimage, l'utilisation des longes, des Prussiks etc. RDV sur le parking du Vieux Campeur pour 2 covoiturages jusqu'au Parking du Grépon. On prend le premier train et on fait connaissance, dans la bonne humeur : Ghislaine, Isabelle, le trio Decathlon – Clara, Marine et Manon, moi (Mia) et …le téméraire Ludovic, notre encadrant qui était prévenu et assumait cette team féminine. Départ à la fraiche du bas de la nouvelle télécabine pour arriver nez à nez avec le glacier, partiellement bâché … on dirait un linceul …Surtout pour ceux d'entre nous qui ne sont pas venus récemment (pour moi, 30 ans !), le spectacle du glacier moribond relève du tragique. On avance bien, dit Ludovic (dont on appréciera tout au long de la sortie le calme, la patience, l'assurance, l'humour discret, l'expertise). Peu avant la Table à Manger, laissant à notre gauche les Drus, nous faisons halte au bord d'un sillon dans le glacier au fond duquel un joli mais alarmant torrent creuse sans cesse, pour notre premier cours : tester le bord de la glace, y enfoncer deux broches, arrimer des sangles, se vacher (je suis la seule néophyte, même le vocabulaire m'est inconnu), monter un Prussik sur la corde puis monter et descendre les 2, 3 mètres de glace verticale avec les pointes des crampons. Si on voit tout de suite que le niveau d'expérience et de technicité des membres du groupe est hétéroclite, la motivation est au maximum pour tout le monde. Après le ravitaillement, on continue, cramponnés et encordés, notre cheminement entre pierres et de plus en plus glace, Ludovic testant notre sens d'orientation, la capacité à choisir d'instinct les bons passages, ceux qui optimisent temps et énergie en minimisant le risque. On quitte la Mer de Glace, on démarre sur le Glacier du Tacul, entre le Moine à gauche et l'Aiguille du Tacul sur la droite. Les petites Jorasses puis les Grandes Jorasses se dévoilent au fur et à mesure, superbes. On arrive ainsi, dans la joie et la bonne humeur, en bas de la corde qui permet de rejoindre les échelles. Si tout le monde s'en sortira sans aucune difficulté (la palme à Ghislaine, qui a dû être chamois, ou bergère, dans une vie antérieure), pour moi les choses se corsent. N'ayant jamais fait d'escalade ou de via ferrata, sans connaissance du matériel et après 22 ans de pause de la haute montagne (dont j'ai quand même une petite, mais trop ancienne, liste de courses), je monte au refuge comme le paresseux, on me vachant toutes les 3 marches. Merci à Ludovic qui a fait ce qu'il faut et aux filles pour leur patience. Ambiance très détendue, bon repas vues les conditions, sur la terrasse suspendue dans un cadre somptueux dont on n'a plus besoin de faire ni la description, ni l'éloge. Une nuit passée dans des bonnes conditions de température, de bruit (deux personnes en plus de notre groupe dans le dortoir). Nous nous sommes mis au lit avant d'attendre les étoiles, le ciel ici doit pourtant être fabuleux. Le lendemain, étant donnée mon « appréhension » (pour ne pas appeler un chat un chat) de descendre des échelles « plus verticales » que celles de la veille après une randonnée en balcon vers le Couvercle, on décide (ou on se resigne, pour celles qui se faisaient une joie de cette alternative), de suivre le plan initial et de descendre les échelles à la fraiche, puis refaire de l'école de glace. Je reconnais que j'ai dû mal avec l'idée de ne pas avoir eu assez de …cran, disons, de faire ce tour et en priver d'autres de le faire et je descends avec la promesse de passer l'année à me mettre à niveau physiquement et techniquement. Nous rebroussons le chemin sur le glacier en avançant rapidement, mitraillant le cadre de nos photos. Ludovic nous choisit avec soin et pédagogie un belle pente en glace, installe la corde puis les montées et descentes, face à la pente ou en désescalade, tout droit ou en zigzag, assurées ou non, s'enchaînent ; qu'est-ce que c'est bien, qu'est-ce qu'on se fait plaisir ! Puis retour vers la gare de la télécabine, croisant de plus en plus de monde ; une autre espèce d'hominidés, en baskets et jogging, casquette sur la tête. On se croise comme Sapiens et Neandertal, avec des regards en coin. Un sirop à Chamonix, retour presque avec des regrets…en tous les cas, pour moi.
