Carnet de route

Refuge de la Pra et Croix de Belledonne
Le 13/07/2024 par Cecile VASSEUR
Il était une fois un massif de montagne dont le nom aurait une origine préceltique associée aux racines « bel, bal, bol » signifiant « hauteur, rocher, belvédère ».
Et c’est ce qui nous attendait en ce week-end de Fête Nationale : prendre de la hauteur, se cogner du rocher et atteindre un sublime belvédère : la belle croix de Belledonne (2884m).
Nous étions partis le samedi de la station de Chamrousse dans un brouillard dense qui, très vite, à force de prendre de la hauteur, est devenu pour nous une épaisse mer de nuages. Le chemin de grosses pierres nous réservait une belle arrivée sur les magnifiques lacs Robert.
Petite variante ensuite pour atteindre le lac David où la pause s’imposait pour profiter du bonheur d’être dans une belle nature, du calme de ce coin de montagne et reprendre les forces nécessaires aux randonneurs.
L’arrivée du latin « bellus » lui aurait fait perdre cette origine au profit de « beauté ». Pour expliquer ce qui était beau fut décidé un rapprochement imagé avec donna, la mère.
Et c’est exactement ce qui nous entourait : la beauté. Celle des montagnes, celle des lacs, des torrents, des cascades, de la multitude des fleurs, des mousses, des rochers.
Chaque pas nous rapproche du plateau où se trouve notre halte de la soirée et de la nuit ; le Refuge de la Pra. Arrivés en milieu d’après-midi, nous profitons de la grande terrasse baignée de soleil, d’une bière qui porte le nom de notre sommet du lendemain, du va-et-vient des promeneurs, de ceux qui arrivent, de ceux qui restent, de ceux qui repartent.
Une autre origine dans la langue gauloise serait « belo » qui signifie puissant, imposant et « dunon » qui désignait « un lieu fortifié, une muraille, un obstacle difficile à franchir ».
Après un très bon diner, une nuit calme et reposante, nous voilà partis dans la douce lumière du matin pour attaquer notre « muraille ». Un sacré chemin de cailloux pendant 1h30 nous fait atteindre le fond du vallon dans lequel nous trouvons la neige en grande quantité. Pas un obstacle pour nous : nous chaussons nos crampons et agrippons nos bâtons.
Sans difficulté, en prenant le temps d’admirer le paysage devant et derrière chaque pente, nous atteignons le sommet, amas de roches, surmonté d’une grande croix qui nous invite à « mettre de l’amour au sommet ». Et c’est ce que nous ressentons. L’amour pour nos montagnes, pour nos compagnons, pour notre pays en ce jour du 14 juillet. Quelle chance nous avons d’y vivre et d’être là !
Un autre rapprochement est aussi fait avec la plante Atropa Belladonna, surnommée « belle dame » en référence aux romaines de l’Antiquité qui s’en servaient pour donner du brillant aux yeux ou comme fard.
Redescendus au refuge, après avoir croisé de nombreux randonneurs, dont nous nous amusons un peu, il est temps de reprendre le chemin du retour. Notre formidable encadrant nous réserve quelques surprises : une jolie variante, une traversée de torrent mémorable, une erreur de trajectoire, un dénivelé positif supplémentaire de 600m (en plus des 800m du matin). Pff ! C’est mal nous connaître : nous avons encore de la ressource et le sourire aux lèvres !
Certains aussi désignent ce massif en y ajoutant « les », Belledonne semblant alors évoquer un pluriel à consonnance italienne.
Qu’ils sont heureux nos hommes d’avoir deux « belle donne » pour les accompagner et nous de les avoir pour nous emmener en montagne et sur un beau sommet !
Merci Marc, encadrant exceptionnel si attentionné, merci Denis, éternel émerveillé de la Nature, merci Pascal, notre homme aux chiffres indispensable, merci Serge, pour tes mots poétiques et ta belle présence. Et plus que tout bravo Adriana, toi l’Ukrainienne qui a accepté de découvrir la montagne avec nous, qui a marché formidablement, participé si activement et tant donné. Bravo à tous ! A vous retrouver tous très vite.
Cécile